Je ne sais qui je suis, et pourtant, je ne saurais être autre chose que ce que je suis. Je n'arrive même pas à cerner mon être, en tant qu'une parcelle ne peut en percevoir le tout.
Que ne puis-je enfin Etre ?!!! Je ne saurais tolérer plus avant la condition imparfaite qui est la mienne, de l'être écartelé que je suis, trop humain, trop bestial, trop porcin ; et à la fois si divin... Arrière, démons, fripouilles et cancrelats si vous ne désirez point être occis, je passerai mon éternité à vous chasser, vous reculerez sous ma volonté implacable et noble ; c'est un fait auquel aucune dérogation ne peut-être soumise. Comment donc des mots si vils et si intrinsèquement dénués de sens, peuvent-ils retranscrire la fureur, la hargne et la révolte qui sont miennes et ne font que s’amplifier, à tel point que mon écriture ne devient plus que gribouillages à mesure que j'écris. Que ne puis-je donc déchirer le Multivers pour le restructurer en un instant à ma convenance, et qu'enfin nous soyons, tous autant que nous sommes, libérés des absurdités qui nous rongent !
Je retiens encore mon cri, car le moment n’est pas encore venu de le pousser, ces tâches d'encre misérables, ne sont que les résultantes de l'énergie qui suinte par tous les pores de ma peau, de mon esprit, de mon être tout entier, et à qui je ne donne pour l'instant que ce moyen pour se libérer...
Mais bientôt, je lui ouvrirai la porte, et alors, enfin, il pourra déverser son énergie salvatrice au sein de sa sphère de conscience, et alors, enfin, je trouverai le repos pour quelques temps.
J'ai l'impression que je pourrais répandre inlassablement cette encre noire comme s'il s’agissait de mon sang, noble et fier, sur le papier, s'écoulant de mes veines perpétuellement écorchées par les anneaux de mon bourreau, si je n'avais la conviction et inébranlable certitude d'être un jour gracieux, libéré de mes chaînes. Je ne rêve que de le plier à ma convenance, et y parviendrai sans aucun doute, si je mets assez de zèle et de sueur dans mon travail, assez de volonté dans mon acharnement, pour arriver à son niveau, et même le surpasser s'il n'y prend pas garde, pour qu'enfin survienne l'avènement du Juste !...