A.B. Écrits.com, quelques ratures et mots plus tard...

Résignation...

La pluie battait contre les vitres lézardées, le vent soufflait froid et gémissant. Le feuillage et les racines noyés dans la terre meuble et mouillée, offraient un environnement enchevêtré et hostile, par delà une surprenante sensibilité et saisissant contraste de tons clairs-obscurs mis un moment en valeur par la foudre qui s'abattait sur les arbres à proximité de la cabane.

Il avait froid ; le petit foyer qu'il avait allumé au centre de la cabane défoncée de vieux rondins, peinait à lui procurer quelque chaleur. La fumée grisâtre commençait d’ailleurs à envahir le petit espace clos, qui ne saurait encore longtemps rester un abri sûr. Pourtant, il n'avait plus la force de bouger pour s'en trouver un autre, et avait accepté l'idée d'une mort triste, sans gloire, ni combat. Il allait mourir dans l'oubli et l'indifférence du monde extérieur. Un monde cruel nourri de souffrances et d’inhumanité, tel qu'il ne désirait plus en supporter le fardeau consciencieux un instant de plus. Il les avait tous aimés, et eux contrairement à lui, n’en prendraient conscience que dans l'instant précédant leur mort. Cyclicité et Providence, qui ne faisait qu'embellir ce qu’il avait toujours eu le sentiment de vouloir combattre... Pour leur salut. La mort, ils le sauraient également tous un jour, ne faisait qu'enseigner l'humilité à ceux qui s’en verraient dépourvus. Lui, acceptait désormais cette conscience avec sérénité. Un repos aux effluves de parfum suave et maternel qu'il avait cherché sa vie durant, et il se laissait bercer par cette douceur miséricordieuse.

Ce fut lorsqu'il rendit le dernier soupir, lorsque la flamme vacillante de son souffle fut étouffée, qu'il comprit ce qu’était la vie, les yeux baignés de larmes, rendu béat par cette vision d'une souffrante beauté pathétique... Une recherche sans commencement ni fin pour l'homme qui sait...

« Ô moi, ô la vie,
Pourquoi ne puis-je donc t’embrasser pleinement ?
Un déluge faut-il pour me purifier ?
Un soleil pour m’illuminer ?
« Ô moi, ô la nuit,
Pourquoi ne puis-je donc t’enlacer pleinement ?
Une sombre obscurité faut-il pour me sauver ?
Une lune pour me réveiller ?
« Ô moi, ô les Hommes,
Je suis.

FIN

Mis à jour le 10-04-25