« O Esprits, montrez-vous à moi, je vous le demande humblement et en toute conscience ; par la foi que je place en vous, c’en est assez ! Montrez-vous ! Je vous le demande une dernière fois, après, il sera trop tard. Je ne puis tolérer plus longtemps un tel jeu ! Montrez-vous, par Dieu ! Ne seriez-vous donc pas ce que je crois ? Seriez-vous donc aussi viles que toute autre essence qui m’entoure ? N’ai-je donc rien d’autre à espérer que croupiture, déchéance, corruption ? ! Mon âme est-elle donc damnée ? Suis-je à ce point enchaîné à mon devoir, puisqu’en pareil cas, la Vertu ne doit compter que sur ma ferveur à la croire en ce monde pour la faire triompher ? ! Suis-je donc le seul être qui la porte en plus haute estime que lui-même ; pour qu’elle transcende mon être à ce point sans plus lui donner de limites que celles de son amour ? Doté d'une telle puissance de colère, qu'elle embrase toute gangrène d'un monde que j'exècre, par la foi que je place en un monde chimérique qui ne verra jamais le jour, tel que je l'imagine, le crée, et le ressens au dedans de moi-même.
La Solitude écrase, lorsque l'on prend conscience que l'on ne peut compter que sur soi-même pour mener à bien, non pas une mission, mais la Vie même. Ah ! Grands Dieux qui ne me répondent jamais, ou plutôt me répondent plus sûrement en écho résonnant à ma propre conscience. Un cauchemar si réel duquel même la mort ne peut soustraire ! La seule échappatoire pour les saints comme pour les fous dans ce monde de matière fantasmée, n'est qu'une pauvre petite salle aux murs blancs et sales capitonnés. S'il l'on ne tient pas à le brûler, peureux et pris de pitié subite envers ses occupants, il ne reste plus qu'à s'offrir à la flamme ! Pourquoi écris-je donc ? ! Le changement ne pourra - ô souffrances ! - aucunement se faire par la plume, mais par le sang versé ; que ne puis-je moi-même verser l'entièreté de mon propre sang !
Bénédiction que ce feuillet soit retapé, sinon comment comprendre la calligraphie d'une écriture qui se trahit elle-même ? Horreur ! Damnation ! Supplices ! Souffrances absolues qui me brûlent les sangs, rage avilissante, bestialité humaine, humain piteux, ver ; tortille-toi devant ton Maître. Non. Je ne veux pas. Fouettez-moi. Torturez-moi. Crucifiez-moi. Tuez-moi. Grand bien vous fasse, Maître. Je vous aurai vaincu. »